Le vent se levait à nouveau. Amelon était perdu. Il ne savait plus où il était. Ce paysage ne lui disait rien. Les buissons étaient secs, le ciel nuageux, les couleurs fades... Rien à voir avec le paysage qu'il aimait tant ! Il frissona. Il était sûr que quelque chose de grave allait se passer. Etait-il entré... dans le territoire ennemi ? Sa mère allait être furieuse. Pourtant, l'adolescent n'avait aucune intention d'aller si loin. Mais alors, comment s'était-il trouvé ici ? Amelon ne savait pas. Il ne savait que deux choses : qu'il avait marché sans voir autour de lui, et qu'il voulait rentrer chez lui.

Le jeune prince avait un peu peur. Il avait cru faire demi-tour, mais il était entré dans le coeur de la brume. Amelon ne pouvait même pas voir le bout de ses pattes. Soudain, il est sorti du brouillard. Oui, d'un seul pas, il s'était trouvé dans une petite clairière. Il pouvait entendre couler une petite chute d'eau. Il se tenait sur une grande pierre. De l'eau coulait autour de lui. L'eau était peu profonde, mais la largeur du ruisseau était grande. Voilà qui était bizarre. Comment un endroit si beau et calme pouvait se trouver dans le territoire Palmyrien ? Les jolies chutes d'eau étaient parfaites pour se rafraîchir. Contrairement à la cascade d'Ilahota, chez lui, on ne risquait pas de briser ses os en tombant ! Au pire des cas, Amelon pourrait se faire mal au derière...

Le jeune prince observait les arbres autour de lui. Les chênes et les pins étaient si beaux. On en trouvait peu chez lui. Car, chez les Héliens, on trouvait des belles fleurs colorées, des amandiers, des pommiers... Alors qu'il se demandait si il allait se refraîchir, il entendit des pas dans l'eau. Il sursauta, effrayé, étant sûr que son sang allait couler dans l'eau froide.

Une grande louve brune se tenait devant lui. Elle était plus âgée que lui, plus musclée, mais ceci ne gâchait rien à sa beauté, qui était à vrai dire impressionante. Ses yeux étaient pourpres et cernés de noir. Contrairement au prince, elle n'avait aucune autre décoration sur son pelage. Cette simplicité ténébreuse fascina Amelon, qui frissona. Le visage de la louve était beau, lui aussi, son air était calme et sûr, montrant au petit loup qu'elle pouvait le tuer quand cela lui ferait envie. Un faux pas de la part du loup serait mortel...

Amelon baissa la tête, en signe de respect. La louve releva la sienne, sans quitter les yeux émeraudes du prince. Ce dernier attendait qu'elle dise quelque chose. Il ne voulait pas le montrer, mais son petit coeur battait si fort dans son poitrail que son corps entier tremblait de peur.

"-Bienvenue, jeune poussin. Tu t'amuses
avec nos chutes d'eau ? Tous les Héliens viennent ici. Ils ont trop peur
pour visiter le reste de notre Territoire. Il y a souvent des
patrouilles ici. Ce n'était pas vraiment intelligent de ta part de venir
ici sans t'informer, mais bon... C'est toi qui perd." dit la louve au prince.
Amelon ne savait que dire. Que est-ce qu'il pouvait lui répondre ? Il avait peur que cette Palmyrienne allait le tuer. Le jeune loup décida de ne pas montrer sa peur et de ne pas la laisser savoir qui il était vraiment. La famille royale était plus en danger que les autres, n'est-ce pas ?

"-C'est pour cela que vous ne trouvez jamais les Héliens rôdant chez vous. Si tous les loups patrouillent ici, ils iront partout sauf ici. Et... quand à moi, je me suis perdu dans la brume. Je ne voulais pas venir ici."

"-Je dois te féliciter, poussin. Tu es l'Hélien le plus amusant que je n'aie
jamais rencontré. On doit bien se détendre un peu, de temps en temps,
nous autres courageux."

Les paroles de la louve brune ont enragé Αmelon, qui la regardait avec furie. Celle-ci se mit à marcher tout autour de lui, en l'observant de la tête aux pieds. Elle stoppa à côté de lui et le regarda droit dans les yeux. Amelon ne le voulait pas, mais il le fit aussi. Les yeux rubis de la louve en face de lui semblaient refléter toutes les ténèbres du monde.

"-Tu me caches quelque chose, poussin. Mais tu n'aurais pas dû te fatiguer autant. Je le sais depuis que je t'ai vu au loin."

Le coeur du prince rata un coup. Il ne pouvait plus réfléchir ; tout ce qu'il pouvait faire, c'était d'attendre à ce que la Palmyrienne lui dise ce qu'elle savait sur lui.

"-Amelon, prince d'Hélios et fils de Candice I."

Il eut si peur, qu'il crut que son coeur avait arrêté de battre. Amelon ne pouvait plus respirer ; cette louve allait maintenant le tuer. Mais non... pas encore... La louve s'est installée de nouveau à sa place précédente, sauf que, cette fois-ci, elle lui tournait le dos, observant avec calme et tranquilité le paysage autour d'elle. "-Ne t'inquiète pas, Majesté. Je ne t'accuse pas... moi aussi je te cache mon identité après tout. Non ? "

Des paroles douces et rassurantes retentissèrent comme un chant d'oiseau dans les oreilles du prince. Il crut qu'il était mort et que sa mère lui parlait pour qu'il s'endorme, pour qu'il tombe dans un sommeil éternel... Soudain, Amelon sursauta. Cette louve avait réussi à imiter parfaitement la voix de Candice. Etait-elle une espionne ? Une assassine ? Non, seul quelqu'un avec lequel Candice avait vécu pourrait la connaître si bien. Cette louve était-elle...?

"-Taranis ?!"Taranis tourna lentement sa tête vers lui. Ses yeux sanglants le regardaient avec un air horriblement lugubre. Amelon ne pouvait plus tenir sur ses pattes. Quel choc ! Il allait mourrir sous les crocs de sa propre tante. Si elle voulait vraiment faire souffrir sa soeur, elle tuerait son seul fils.

"-Ceci est en effet mon nom, poussin. Tu ne l'aimes pas ?" demanda la louve, qui n'attendait aucune réponse.

Pendant que la Palmyrienne avançait vers lui prête à le tuer, Amelon ferma les yeux, pour ne pas voir l'éclat de ses crocs dans sa mâchoire ouverte. Le jeune loup attenda si longtemps qu'il se crut déjà mort. Il ouvrit les yeux et vit Taranis assise à ses côtés. Amelon s'éloigna, essayant de comprendre à quel jeu elle jouait. Elle a sourit si tendrement, qu'elle gagna automatiquement la confiance du loup, qui s'allongea en mettant sa tête entre ses pattes.

"-Tu n'as rien à voir avec ta mère, Amelon. Tu ne paieras pas pour ses crimes."

Amelon ferma les yeux de nouveau, prêt à s'endormir. Sa tante était-elle aussi méchante ? Il ne le pensait plus...

"-Pauvre poussin. Tu as l'air épuisé. Que est-ce qu'ils te font ? Repose-toi un peu. Je vais veiller sur ton sommeil..."

La voix de Taranis resonnait d'une façon si étrange, qu'Amelon crût rêver. Il se rappellait du froid, de la neige, du blanc infini, sur le sol et sur la louve qui l'avait sauvé ; Candice, sa mère. Le loup ne ressentait plus rien dans son coeur : il était trop occupé à écouter l'eau tomber sur les roches au bas des chutes, les merles qui chantaient...

Amelon crût alors sentir la louve le toucher. Il ouvrit un oeil et vit Taranis inspecter le bout de sa queue. Il referma cet oeil et dit tout bas :

"-Puis-je savoir ce que vous fabriquez avec ma queue ?"

Il y a eu un petit silence. Taranis vint s'allonger en face du prince tout à fait relaxé.

"-Un insecte s'y était installé, rien de plus. Je vous ai bien dit que je veilerai sur votre sommeil..."

-Oui on a fini par ici, on passe à la prochaine étape x) CA VA CHAUFFEEEER !!! -

EDIT par Amel : XD