Le silence... la pénombre... l'éclat de la lune à travers les fenêtres... le vent... Tout de cet endroit était apaisant, tellement semblable à mon âme sombre. Un fin halo de brume se formait sous mon nez à chacune de mes expirations à cause du froid et de l'humidité ambiante. J'adorais cet endroit, à un tel point que Taranis et moi avions décidé d'en faire notre demeure quand le clan fut établi sur ces terres. Taranis... oh Taranis... C'était fou à quel point je m'étais attaché à cette louve. Pourtant en y repensant bien, nous n'avions pas eu un départ facile compte tenu de nos deux caractères. Le destin avait fini par nous rejoindre et j'avais donné un fils à ma douce reine... Mon fils, Aegis. Il avait subi le même entrainement que moi plus jeune : mélange de force et d'endurance, de crainte et de respect,... À la seul différence que je n'avais pas eu de mensonges avec lui comme il y en avait eu si longtemps entre mon père et moi.

Mon père... le salaud... je lui dois toute ma vie... mais je ne peux m'empêcher de penser à ce qu'il a fait subir à ma défunte mère... Je ne regretterais jamais d'avoir mis fin aux jours de mon père, cela m'apportais une certaine satisfaction... l'élève avait dépasser le maître avec brio.

Un bruit attira mon attention... un souffle doux dans le silence... une odeur... son odeur...

Je descendais silencieusement l'escalier noir. Comme toujours, ma maudite soeur hantait mes pensées. Elle m'avait remplacé et pris ma place ! Candice était le seul fantôme que je ne pouvais chasser. Un si faible esprit, et il m'était impossible de le vaincre ! Pourtant, j'étais heureuse. J'habitais un beau château sombre entre un labyrinthe infini et un océan abyssal.

Celles-ci étaient les pensées que trottaient dans mon esprit. Parallèlement, je regardais les tableaux de peintures que décoraient les murs de mon palais. Par la fenêtre, on voyait les arbres, dépouillés de feuilles, pliaient par le vent. Pouvais-je être comme eux, un jour ? J'étais inquiète : le nombre d'ennemis augmentait tous les jours. Mon clan pouvait bien être plus forts, mais un vrai chef doit reconnaitre la puissance de ses ennemis. J'ai soupiré : malgré mes devoirs, j'adorais mon rôle de reine. Mais ma famille me manquait trop. Je n'avais pas de temps et mon fils sortait de plus en plus, il était à la recherche de jeunes louves. Quand à son père, lui, il disparaissait tout le temps. Ils me manquaint tant.. Je poussais un nouveau soupir (oui, malgré ma dureté, j'avais des sentiments - et j'avais une famille ! J'avais remplacé Candice par Garuda et Aegis, na ! xp)

Je me suis rappellée soudain que mon roi était rentré d'un long voyage, mais je ne lui avais pas parlé car il était bien trop fatigué et je débordais de devoirs. Mais maintenant j'avais trop envie d'aller le voir. Je suis montée dans mes appartements. Je poussais lentement une des deux portes de ma chambre, qui a grincé. J'entrais dans la salle en me frottant comme une chatte. Je remuais la queue en regardant tendrement Garuda, qui s'était tourné vers moi. Je m'approchais de lui et lui de moi. J'ai sourit en plongeant mon regard écarlate dans le sien.

-Tu m'as trop manqué, ai-je murmuré, ne pars plus jamais..

Je me levais en douceur, laissant là l'observation de l'horizon... j'y reviendrais plus tard. Le paysage n'allait pas se sauver de toute façon, il changerait assurément, mais resterait immobile à attendre que mon regard se pose à nouveau sur lui. N'importe, un bien plus agréable paysage s'offrait maintenant à moi, celui si doux des yeux flamboyants de ma bien aimée. Il y avait longtemps que nous ne nous étions vu, j'avais du partir ailleurs pour régler certaines choses et me voilà de retour depuis peu.

"Tu m'as trop manqué, murmura-t-elle, ne pars plus jamais.."

Jamais... c'était un si grand mot... Je fixais tendrement ma douce compagne en battant lentement la queue en rythme avec mon coeur. Un observateur extérieur n'aurait certainement pas reconnu les froids et autoritaires dirigeants des Tentations en ce moment tellement nos caractères changeaient en présence l'un de l'autre. Je ne saurais dire ce qui provoquait ce changement radical, mais c'était ainsi pour le mieux et ca le resterait. Je me rapprochais encore de Taranis pour poser mon front contre le sien et plonger mon regard dans ses beaux yeux.

- Je te le promets, dis-je tout bas, les nuits sans toi était bien trop longues...

Un tendre coup de langue sur le nez accompagna mes tendres paroles.

- Je te le promets, les nuits sans toi était bien trop longues...


- Je suis si heureuse de t'avoir à mes cotés, ai-je dit à mon roi.

Taranis s'étendis à mes pattes en signe de fidelité, son pelage brillant sous la faible lueur d'une chandelle. Un éclair zébra le ciel, illuminant momentanément la pièce de sa lumière. Un sourire traversa le visage de Taranis alors qu'elle observait l'extérieur de la pièce. Je ne pouvais m'empêcher de la contempler, d'ailleurs je n'arrivais toujours pas à croire qu'elle m'ait choisit moi : un bâtard doublé d'un meutrier.

" Je suis si heureuse de t'avoir à mes cotés"

Je m'étendis à ses côtés, posant ma tête sur son dos et fermant les yeux un instant. Ce moment aurait pu durer une éternité, mais je fnis par rompre le silence.

- Je veillerai toujours sur toi, peu importe l'endroit où je me trouve...

Ce n'était qu'une façon de le dire, je n'avais jamais été très doué avec les sentiments, ou plutôt je n'étais pas familliers avec les sentiments du coeur. J'avais si longtemps connu uniquement la haine et la colère... Taranis avait tout changé. Grâce à elle, j'arrivais à mieux accepter mon passé... à vivre avec mes démons. J'allongeais ma patte droite pour la poser sur les siennes, ma queue battant nochalement et les yeux clos, la tête posée sur le dos de Taranis.

Garuda se coucha vers moi et mis sa tête sur mon dos. Je sentais son haleine chaude sur mon pelage. Nous sommes restés muets un moment, profitant de l'atmosphère romantique. Mon roi finit par rompre le silence de sa voix la plus douce :

- Je veillerai toujours sur toi, peu importe l'endroit où je me trouve...

Il battait légèrement sa queue et allongeais sa patte droite sur les miennes. Je restais immobile en somnolant. La pluie dehors devint plus intense, pour mon plus grand plaisir. Contrairement à ma soeur, les orages me fascinaient. Leur force, leur pouvoir de déstruction immédiate, le spectacle tout entier était si élégant. Mais, comme elle, je détèstais les tremblements de terre. Nous deux, on ne pourra jamais éffacer le désastre qu'ils nous ont causé de notre mémoire.
L'image de mon fils me vint à l'esprit. Je demandais à Garuda :

- Notre fils... Il a beaucoup grandi. Il sort de plus en plus dehors, il fera un bon roi, le temps venu.

La pluie tombait, toujours plus forte que l'instant devant. La pluie est bénéfique, elle entraine avec elle les chagrins et les douleurs des vivants... rare sont ceux qui l'apprécie à sa juste valeur. Même si elle amenait aussi son lot de mélancolique, nous forcant habilement à repenser au passé. L'orage était à lui seul si impressionnant, difficile de croire que l'eau peut causer tant de ravage en un si court instant. La voix de Taranis me tira de mes pensées.

" Notre fils... Il a beaucoup grandi. Il sort de plus en plus dehors, il fera un bon roi, le temps venu. "

Elle avait tout à fait raison, mais j'avais encore du mal à concevoir qu'un jour je laisserai ma place à un autre... Heureusement, notre fils est fort et digne de se rang. Il fera un bon dirigeant l'heure voulu. Aegis passait évidement plus de temps ailleurs, laissant sa mère seule... et moi qui n'étais pas là pour m'occuper d'elle... je fais un bien piètre compagnon. Je me relevais avec souplesse en étirant le dos. D'un mouvement rapide, je me dirigeais vers le porte de la chambre et tournais la tête vers Taranis pour l'inviter à me suivre.

- Viens, j'ai quelque chose à te montrer...

Garuda n'as pas répondu : il réfléchissait... Je l'adorais, mais nous étions très différents. Quand je l'avais connu, il était une créature malheureuse qui cherchait à se venger. Mais maintenant, il semblait plus heureux et il avait pris sa vengeance, contrairement à moi. Même si il était souvent absent, je n'avais pas regretté un seul instant avec lui. Il m'avait offert un beau fils (qui lui ressemblait beaucoup) et qui ferait un bon roi... Garuda avait-il peur de se jour ? J'allais lui dire une parole pour le consoler quand il a décidé de me répondre :

- Viens, j'ai quelque chose à te montrer...

Mon roi s'est levé et s'est approché de la porte. Il l'ouvrit et attendit que je sorte. Quand je l'ai fait, il a refermé la porte. Je le laissais enfin me conduire à sa surprise...

Taranis se leva à me suite et s’avança dans le couloir sombre, je refermai la porte derrière nous. J’avais envie de lui montrer un endroit du château que j’avais découvert avant de partir pour mon dernier voyage. J’étais tombé dessus un peu par hasard, mais je dois dire que c’était un heureux hasard, de ceux que l’on espère avoir. Nous marchions côte à côte dans la pénombre, le couloir était éclairer faiblement par la lueur de la lune qui traversait les fenêtres béantes. Les rayons lunaires allaient se refléter sur la mèche claire de ma compagne de manière tout à fait sublime.

J'entrentrais ma reine à travers un dédalle de couloir, puis des escaliers, d'autres couloirs et pour finir un dernier escaliers étroit. Arrivé en haut, je poussais la porte et entrais suivit de Taranis. Nous étions dans la plus haute tour du château, en s'avancant près des fenêtres on avait une vue magnifique sur l'océan déchaîner par l'orage. J'adorais venir ici, je pouvais me laisser aller à la contemplation du paysage sans crainte d'être surpris par un autre.

- Je voulais partager cet endroit avec toi...

Nous avons marché longuement dans le château, en traversant des couloirs et en montant des escaliers. Des rayons lunaires tombaient sur mon pelage, le faisant briller. Finalement nous sommes arrivés à la tour la plus haute du château, et plus précisemment dans une chambre magnifique dont je dois dire que j'ignorais l'existance. Surprise, je m'approchais de la fenêtre et regardais dehors : le paysage dont j'avais la chance et l'honneur d'admirer était époustouflant. On voyait l'orage et l'océan noir ensemble : les deux désastres naturels qui me fascinaient le plus, ensemble ! J'étais vraiment contente. Je me tournais vers Garuda et le regardais d'un visage illuminé de joie :

- C'est absolument splendide ! Merci de me l'avoir montré.

Très heureuse, ,je déposais un baiser au bout du museau de Garuda. Je m'assis ensuite vers lui, en regardant dehors de la fenêtre.

Taranis s'avanca pour regarder par la fenêtre. Elle semblait apprécier grandement la vue, la tour dominait l'océan et c'était magnifique. Ma compagne me remercia de lui avoir fait découvrir cet endroit. Quoi? Juste ca rien, pas de baiser, de calin, rien... Pfff. Ah non, voilà mon baiser sur le bout du nez. Quoi? J'en veux plus moi. La voilà qui s'asseoit dos à moi, le regard portant sur l'horiazon sombre. Quelques pas et me voilà dans son dos ou plutôt à côté d'elle. Je me placais dans la même position que Taranis en battant de la queue. Vieille habitude canine. Je gardais un oeil sur Taranis, mais j'étais discret tout de même, je n'étais pas pour lui montrer à quel point elle m'avait manqué... j'aurai l'air d'un faible sentimental. L'ambiance devenait lourde avec le silence qui s'était installé entre nous.

- Taranis, je...

Je ne savais pas quoi dire voilà tout. Je laissais ma phrase en suspend, retournant à ma silencieux contemplation de la lune sombre.

Garuda s'assit vers moi en battant la queue. Nous ne nous sommes rien dit pour un moment et un lourd silence s'installa entre nous, mais je continuais à fixer l'océan. Puis mon roi dit mon nom sans trop savoir comment ouvrir une discussion. Je me tournais vers lui et lui offrais un beau sourire. Il semblit mieux se sentir, ensuite. Je m'approchais de Garuda et frottais presque mon museau sur le sien. Comme il ne faisait rien d'autre que de me regarder bêtement je l'ai grondé :

- Non mais je t'ai manqué si peu que ça ?

J'ai pris ensuite un air assassin comme si j'allais le tuer pour cela. Mais en voyant son air surpris je n'ai pas pu me retenir et j'ai éclaté de rire.

Taranis se retourna et vint presque frotter son museau contre le mien, mais elle se ravisa et je la regardais bêtement.

"Non mais je t'ai manqué si peu que ça ?"

J'eu ensuite droit à un regard meurtrier, puis Taranis éclata de rire. Décidément je ne comprendrais jamais entièrement ma compagne. Je n'allais certainement pas la laisser croire qu'elle ne m'avait pas manqué. Je m'approchais d'elle, le fesant tomber à la renverse et l'immobilisant au sol. Je mis mon visage près du sien, soufflant doucement sur son museau et lui murmurant à l'oreille.

- Chaque seconde loin de toi était une véritable torture

Une léchouille sur le museau de ma douce accompagna mes paroles.

Mon pauvre Garuda a prit mes paroles au sérieux. Il s'est approché de moi, me faisant tomber. Je ne pouvais plus bouger. Il approcha son museau du mien et murmura dans mon oreille :

- Chaque seconde loin de toi était une véritable torture

J'ai souri à mon roi. J'aimais tellement quand il me parlait comme ça. Ce dernier fit une léchouille sur mon museau. Je la lui ai rendue, tout aussi tendre, lui montrant mon amour.

- Tu crois ? Je parie que tu m'as manqué encore plus de ce que je t'ai manqué.

J'ai essayé de me délivrer, mais, comme je n'ai pas réussi, j'ai éclaté de rire. Il m'a de nouveau reagrdé bizarrement. Je l'ai regardé tendrement et je souris tandis qu'un éclair illuminait nos visages.

Taranis me rendit aussitôt ma léchouiller et se me retrouvais avec la truffe humide. J'adorais quand elle était si tendre avec moi.

"Tu crois ? Je parie que tu m'as manqué encore plus de ce que je t'ai manqué"

Oh la vilaine, elle voulait parier avec moi. Je n'allais certainement pas la laissé gagner aussi facilement.

- J'ai bien fait de revenir alors... histoire que tu ne te lasses pas d'attendre et que tu partes avec le premier venu !

Je souris franchement à Taranis.

- J'ai bien fait de revenir alors... histoire que tu ne te lasses pas d'attendre et que tu partes avec le premier venu ! dit Garuda.

J'ai pris un air furieux et surpris. Mais au fond de moi, je savais qu'il savait combien je l'aimais. Je détournais mon regard et répondis :

- T'es un sale menteur ! Tu sais que ce n'est pas vrai.

Sans bouger ma tête, je le regardais droit dans les yeux. Nos regards se sont croisés et nous avons sourit. Dehors, le mistral nocturne faisait pencher dangeureusement les gros arbres. Leurs ombres tombaient sur nous et faisaient nos quatre yeux rouges briller dans les ténèbres. Un énorme coup de tonerre fit trembler le château tout entier. Je cachais avec difficulté ma peur pour les séismes.